Dr Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique.
1250 nouvelles infections et 15 décès en 15 jours annoncés par la presse. Vous confirmez ?
Les données avancées çà et là ne sont pas de bons chiffres. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de remontée progressive des cas. On n’est pas encore au stade de 1250 cas ou de 15 décès en deux semaines comme certains semblent l’affirmer. Nous sommes à huit décès actuellement et 1100 cas actifs qui sont davantage concentrés dans les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest et du Nord-Ouest. Ces informations avancées par la presse locale ne sont pas exactes.
On redoutait la troisième vague. Est-ce qu’on y est ?
Non. Dans le cadre de notre travail, nous parlons juste d’une remontée des transmissions progressives. On n’est pas encore au niveau de la troisième vague au Cameroun. D’ailleurs, quand on était à la deuxième vague, on était à un taux de positivité de près de 25%. Aujourd’hui, nous ne sommes qu’à 4, voire 5%. Maintenant, tout dépendra de notre capacité à calmer le jeu, c’est-à-dire à répondre de manière efficace pour éviter de redescendre la pente.
Face aux rassemblements à venir, notamment la rentrée scolaire, les fêtes de fin d’année et la CAN 2021, quels sont les dispositifs mis en place pour contrer une troisième vague ?
Nous avons mis en place un plan de résurgence au niveau des services techniques. Nous avons un protocole qui a été établi pour la rentrée scolaire. Un autre pour les fêtes de fin d’année et encore un autre pour la Coupe d’Afrique des Nations 2021. Car pour la CAN notamment, nous avons activé le système de gestion d’incident. Nous sommes en train de prendre des mesures au niveau de la surveillance épidémiologique et génomique. Nous voulons surveiller toutes les portes d’entrée du pays, qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes, de façon à avoir moins de cas positifs. Au niveau de la surveillance génomique, nous allons continuer à séquencer les échantillons prélevés, car c’est à partir de ces résultats que nous avons l’identité des virus qui circulent au Cameroun. Ces résultats orientent le plan de riposte et le protocole de santé à adopter. On va également remettre un accent particulier sur le port systématique du masque et le respect des mesures barrières. Les populations ne peuvent pas continuer à se déplacer, à se réunir, à s’amuser dans des lieux publics comme si de rien n’était. Il va falloir mettre sur pied un nouveau plan de sensibilisation destiné au respect des mesures barrières. En outre, on va axer la formation des personnels de santé par exemple sur la réanimation des cas sévères. On va organiser dans toutes les régions des missions pour contrôler la fonctionnalité des équipements d’assistance respiratoire. On va rééquilibrer le personnel sur l’ensemble des centres de prise en charge.
Qu’en est-il des équipements ?
En termes d’équipements, on a certes suffisamment de masques de protection mais, il nous manque à présent les intrants de laboratoire. Notamment les tests de dépistage. Néanmoins, le plus grand défi reste la vaccination. On peut se passer d’un certain nombre de choses si nous sommes tous vaccinés. Sur ce point-là, nous entendons mener plusieurs campagnes intensives afin de multiplier les offres. Car, nous nous sommes rendu compte que, lorsque les équipes se déplacent à travers les localités et dans les ménages, les uns et les autres sont plus prompts à se faire vacciner. Nous voulons également poursuivre avec des campagnes de communication autour du vaccin. Car, beaucoup de fausses informations continuent de circuler à travers les réseaux sociaux. Nous pensons que c’est de notre devoir d’apporter des réponses positives aux préoccupations des populations.
Comment les centres de prise en charge sont-ils préparés à cette résurgence de cas ?
Orca reste et demeure un centre de référence. Maintenant, suivant les hautes instructions du président de la République, avec des directives qui ont été appliquées à la lettre, Orca n’avait plus de patients depuis environ deux mois. Orca reste opérationnel comme les autres centres de prise en charge. Les équipements sont nettoyés et sont fonctionnels. Les 14 malades que nous avons actuellement sont pris en charge à l’Hôpital central. Les équipes d’Orca ont tout simplement été mises en veilleuse mais, elles restent mobilisables à tout moment. Les autres centres de Yaoundé comme l’Hôpital central, l’Hôpital Jamot, l’Hôpital de Djoungolo et ceux d’ailleurs restent ouverts. Nous sommes plutôt en train de renforcer le dispositif en centre de réanimation lourde de 24 lits.
Propos recueillis par Sonia OMBOUDOU